Editorial du mois

En route pour la vie

Si, en Europe, le mois de mai est synonyme de beau temps, et court parce que ponctué de beaucoup de congés légaux malgré ses 31 jours, ailleurs, c’est le moment où l’on sait, avec certitude, si la candidature pour une bourse d’études ou la demande d’inscription dans une université ou une Haute École, qu’on avait envoyée huit mois avant, en Europe, pour y étudier, a été acceptée.

Le mois de mai devient alors l’instant de préparation à l’arrachement familial. Comme dit un proverbe romain, « dans un voyage, le plus long est de franchir le seuil. » Pour six mois, un an, quatre ans, et parfois même ce qui semblait être, au départ, qu’une parenthèse dans notre vie devient toute notre vie.

Parfois aussi,  ce départ dépasse toute notre vie. Il porte plus loin que nous. On peut remonter à Abraham qui, sous le conseil de Dieu (Gn 12, 1), part de chez lui pour fonder quelque chose plus grand que lui.

A un autre niveau, c’est un peu ce qui est arrivé au plus grand poète colombien, José Asunción Silva (27 novembre 1865 – 23 mai 1896). Parti de Bogota, en 1884, pour Paris, il voulait conquérir la célébrité. Il ne l’a pas de son vivant mais, à Paris, il rencontre et se lie avec  tous les géants de la littérature, de la philosophie, des sciences de l’époque. Ce sera capital pour sa création, sa créativité et fera de lui, à son retour, « le » précurseur de la poésie colombienne moderne et reconnu par tous jusqu’à aujourd’hui. Et pour toute l’Amérique latine.

Trouver son chemin ne se fait jamais seul. Et pour que le chemin soit du bonheur, de la découverte, il faut tout simplement de l’amitié, de l’amour...et de la solidarité. Le belge Vincent Lebbe (19 août 1877 – 24 juin 1940) l’avait très bien compris, lui qui a créé, dès 1920, des structures pour l’accueil des étudiants chinois en Belgique. Le dialogue entre l’Asie et l’Europe était au cœur de sa foi.

La volonté qui était au centre de la vie de Vincent Lebbe est toujours vivante puisque que le Kot Carrefour-Vincent Lebbe est, aujourd’hui encore, héritière de cette démarche d’ouverture, d’accueil et de brassage des cultures.

Et pour que chaque voyage, quel que soit le lieu d’arrivée, soit une naissance à soi, aux autres, à notre vie, à notre bonheur, il n’y a pas plus fort que le grand poète allemand mais aussi romancier, dramaturge, théoricien de l’art, homme d’État, Johann Wolfgang von Goethe (28 août 1749 – 22 mars 1832 ) qui, en son temps, donnait déjà ce judicieux conseil, toujours d’actualité : « veux-tu vivre heureux ? Voyage avec deux sacs, l’un pour donner, l’autre pour recevoir. »

Ricardo HEREDIA

Mai 2015

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